Alors que le glas sonne pour Audi Forest, la Coalition Climat se montre solidaire de celles et ceux qui sont victimes des choix d’investissements inadéquats du groupe Volkswagen et qui ne devraient pas avoir à en payer le prix. La transition juste ne s’improvise pas, elle se planifie judicieusement.
La société civile a fait entendre aujourd’hui dans les rues de Bruxelles que la transition doit être juste. Pour éviter que le cas d’Audi Forest ne se reproduise dans d’autres secteurs sensibles aux changements, la transition juste doit devenir un pilier de l’accord de gouvernement et non une note de bas de page.
Les gouvernements sont autant à blâmer que les entreprises pour cette débâcle.
Tant au niveau régional, fédéral qu’européen, la transition vers une économie climatiquement neutre n’a pas été initiée et supervisée suffisamment rapidement. En conséquence, la Chine a acquis un sérieux avantage concurrentiel dans le domaine des petites voitures électriques, tandis que les constructeurs européens s’enfonçaient dans une stratégie centrée sur les gros SUV consommateurs de ressources et accessibles uniquement aux plus aisés. L’industrie européenne a aussi ses torts. «Elle a retardé autant qu’elle le pouvait l’inéluctable passage à l’électrique. Cette stratégie de retardement climatique a aujourd’hui, des conséquences désastreuses pour les employés d’Audi alors que la société mère Volkswagen continue à distribuer des dividendes aux actionnaires”, souligne Nicolas Van Nuffel, président de la Coalition Climat.
Il est urgent de mettre en place une politique industrielle qui offre aux entreprises un cadre clair et ambitieux en vue d’une économie climatiquement neutre. Cela devrait permettre de créer un système de production et de consommation plus durable. “Une fois la fin de la vente des véhicules thermiques annoncée pour 2035, ce n’est pas le choix de produire des gros SUV électriques qui aurait dû être privilégié. Les travailleurs et sous-traitants d’Audi Forest paient aujourd’hui le prix d’une erreur stratégique grosse comme un camion.” souligne Nicolas Van Nuffel. “Réussir la transition, ce n’est pas remplacer une voiture thermique par une voiture électrique, encore moins par un SUV. Avec les batteries d’un de ces tanks électriques, on pourrait fabriquer deux fois plus de voitures citadines, ou 200 vélos électriques”.
L’implication des travailleurs est indispensable. Il est nécessaire que les travailleurs et travailleuses aient leur mot à dire, par le biais des organes de concertation sociale, dans l’élaboration des stratégies sectorielles sur le climat et dans les plans climatiques mis en place par les entreprises. Où en serait Audi Forest aujourd’hui si le choix avait été fait de produire des voitures électriques citadines qui concurrenceraient celles produites en Chine ? Enfin, sans plan d’emploi et de formation pour ceux qui seront impactés, la Belgique n’avancera pas d’un pouce sur le chemin de la transition juste.
La fermeture de l’usine implique la perte de 4.000 emplois directs et indirects. Audi Forest devient donc aujourd’hui l’exemple emblématique d’un échec de transition juste. Cependant, plus de 80 000 emplois pourraient être créés dans les activités vertes d’ici à 2030, selon une étude. Mais pour s’assurer que les travailleurs y gagnent plutôt qu’y perdent, il faut des politiques industrielles vertes sérieuses et la participation des travailleurs. Dans un monde en plein changement , la Belgique et l’Europe ont besoin de se doter d’une planification écologique et sociale pour aboutir à une société décarbonée qui ne laisse personne de côté.