Que la supernota reste à la poubelle 

Alors que les partis négocient un nouvel équilibre au fédéral et que les élections communales accaparent de plus en plus l’attention des présidents de parti, l’ombre de la Supernota continue de planer sur le potentiel futur gouvernement. Certains déclarent qu’elle est maintenant à la poubelle, pour la Coalition Climat il est nécessaire qu’elle y reste tant elle est décevante sur des enjeux brûlants :  le climat et la biodiversité.

Bien que le texte souligne l’importance de la transition climatique, il reste vague. D’une part, n’y a pas de définition claire des objectifs climatiques belges et fédéraux, et d’autre part, l’habitat et la biodiversité sont totalement absents. C’est écologiquement et socialement irresponsable : puisque pour éviter un réchauffement de plus de 1,5°C, la Belgique doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % avant 2030, conformément aux accords européens et au jugement rendu dans  l’Affaire Climat.

En termes de mesures concrètes, la conclusion est tout aussi sombre. Il n’y a aucune allusion à une élimination systématique des subventions aux énergies fossiles d’ici 2030, estimées à un montant stupéfiant de 15 milliards d’euros par an. En outre, le document ne touche pas à de nombreux avantages liés aux énergies fossiles pour l’industrie lourde, ni aux réductions d’impôts pour les pesticides et les engrais. À l’heure où des milliards d’euros d’économies sont nécessaires, il n’est pas possible d’expliquer que des technologies nuisibles à l’homme et à l’environnement continuent de bénéficier d’un soutien financier.

Le document excelle surtout dans la distribution asymétrique des charges et des bénéfices. Nous ne voyons nulle part l’instauration d’une taxe climatique fondée sur la solidarité qui rendrait les combustibles fossiles plus chers, tout en apportant un soutien supplémentaire aux revenus les plus faibles et en réduisant la pauvreté énergétique. Au contraire, les économies réalisées le sont principalement sur le dos des plus vulnérables. Les personnes bénéficiant d’allocations sont encore plus enfoncées dans la pauvreté. Le financement équitable de la transition climatique, avec une contribution juste des grandes fortunes par le biais d’une fiscalité progressive, est manquant. 

L’absence totale de nouvelles dépenses politiques a été tout aussi douloureuse. Alors que la supernota consacre jusqu’à 11 milliards d’euros à des réductions d’impôts et à des investissements dans la défense, pas un centime supplémentaire n’est alloué aux investissements indispensables dans le domaine du climat et de la biodiversité. L’investissement public est pourtant urgent, qu’il s’agisse de l’infrastructure ferroviaire, des énergies renouvelables ou de l’encadrement des travailleurs.  La note avance le contraire. Selon elle, la SNCB doit faire des économies au lieu de procéder à la vague d’investissements dans les transports publics qui est nécessaire. Sans parler de la baisse des prix pour les passagers. Pendant ce temps, notre système fiscal continue d’encombrer les routes avec des transports individuels subventionnés. Comprenne qui pourra. Une transition équitable vers la mobilité durable est impossible sans des transports publics de qualité et abordables.  

Les réductions touchent notamment les institutions scientifiques et le budget de la coopération au développement. Il s’agit d’une attaque directe contre l’engagement international de la Belgique en matière de climat, étant donné qu’une part importante de ces fonds est consacrée au financement international de la lutte contre le changement climatique.

L’échec de la supernota permet aux négociateurs fédéraux de gagner plusieurs semaines de réflexion. Nous espérons qu’ils réfléchiront à la vision qu’ils veulent promouvoir, au projet de société auquel ils aspirent ? Sans politiques climatiques et sociales ambitieuses qui garantissent un avenir plus sûr, plus sain et plus juste pour tous les citoyens mais aussi pour les générations futures, tout accord de coalition est un échec irresponsable.

Pour pallier à ce manque d’ambition, les formateurs peuvent se laisser guider par les accords internationaux et nos obligations européennes, qu’ils se doivent de respecter« 

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