Les citoyens se préoccupent toujours autant du climat qu’avant, mais c’est par le biais de la santé qu’ils l’ont fait savoir. Les deux sont intimement liés. Être à la hauteur des enjeux sanitaires, c’est négocier une politique climatique ambitieuse qui garantit le bien-être de tous les Belges. Malheureusement, la Belgique est une fois de plus en retard pour remettre sa copie à la Commission européenne pour à l’horizon 2030.
« Parce que le plus important c’est la santé » : chaque année débute en souhaitant à nos proches nos meilleurs vœux et une bonne santé. Or, l’austérité et la crise climatique mettent à la fois la prospérité du pays et notre santé en danger. A l’heure où se forment les différents gouvernements de notre pays, il faut rappeler à quel point garantir la santé à long terme de notre population, y compris en limitant le dérèglement climatique, constitue un investissement pour l’avenir: le coût de l’action est bien inférieur à celui de l’inaction.
Selon l’OMS, les vagues de chaleurs successives mettent à risque en premier lieu les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes et les personnes les plus précaires. Ainsi, environ 15 000 décès sont imputables aux canicules qui ont frappé le continent européen en 2022. Les pluies diluviennes, quant à elles, provoquent des inondations qui laissent derrière elles des traumatismes et des factures salées, tant pour les personnes sinistrées que pour les pouvoirs publics. En témoignent les coûts de reconstruction suite aux inondations de 2021, qui sont estimés à plus de 5 milliards d’euros, soit un cinquième de l’effort que la Commission européenne enjoint la Belgique de réaliser pour résorber le déficit de ses comptes publics.
Les combustibles fossiles continuent de brûler, chaque jour. En plus d’intensifier ces évènements extrêmes, ils libèrent aussi des particules fines. Celles issues de l’aviation provoquent de l’hypertension, du diabète et sont sources de démence. Malheureusement, une large frange de la population vivant à moins de 20 km de l’aéroport de Zaventem, plus de 20% des Belges y sont exposés. C’est un coût de 43 millions d’euros, dont plus de 37 millions à charge de l’assurance maladie et près de 6 millions à charge des patients qui pourrait être évité. Jouer la carte de la prévention climatique a donc aussi pour avantage de limiter la facture des soins de santé.
Pourtant, la Belgique est aujourd’hui dépourvue d’une colonne vertébrale lui permettant d’attaquer le problème de manière cohérente et systémique. Alors même que l’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, nos responsables politiques ont été incapables de remettre un Plan national énergie-climat (PNEC) en phase avec les objectifs fixés au niveau européen, pourtant contraignants. Une première ébauche avait été soumise en novembre 2023, mais elle a fait l’objet de vives critiques de la Commission européenne. Nous devions soumettre la version définitive pour ce 30 juin à la Commission européenne mais le gouvernement flamand, après avoir bridé l’ambition pendant cinq années, a bloqué la décision en l’attente de la mise en place des nouveaux gouvernements.
Attendre n’est pourtant pas une option: non seulement parce que cela retarde les actions indispensables pour protéger notre pays, mais aussi parce que le contribuable belge serait exposé à une pluie de sanctions financières tombant de l’Europe. La Commission européenne a mis en avant les nombreux points à améliorer. Notamment en établissant un plan de sortie progressive des subsides aux énergies fossiles et en planifiant la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant des bâtiments et des transports. Une source d’inspiration à apporter en négociation.
A l’heure où se dessinent les projets des nouveaux gouvernements dans chacune de nos Régions comme au niveau fédéral, nous ne pouvons nous contenter de bons vœux: le climat, la santé et nos finances publiques réclament une action résolue.
Sources:
https://climate-adapt.eea.europa.eu/fr/observatory/evidence/health-effects/heat-and-health
https://unric.org/fr/europe-les-canicules-ont-tue-plus-de-15-000-personnes-en-2022
https://www.wallonie.be/fr/inondations
https://www.mloz.be/fr/documentation/plus-il-y-de-particules-fines-dans-lair-plus-va-chez-le-medecin